Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol                          -                                      Cahier d'Histoire de Revel  N°  20      pp 11-16

 

Revel : Bastide protestante
aux XVI ème et XVII ème siècles

Par Nelly Abruzzo-Engi

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RETOUR CAHIER DE L'HISTOIRE N°20

 Les guerres de Religion qui déchirèrent la France à la fin du XVIème siècle (1562 - 1598) n'épargnèrent pas le Lauragais et firent de Revel pendant près d'un demi-siècle, un enjeu non seulement politique mais aussi stratégique pour les Catholiques et les Protestants. Or, après les ravages et les destructions, vint le temps de la pacification des esprits et les habitants de la ville partagés entre Papistes et Calvinistes, vécurent dans une cohabitation, sinon sereine, du moins apaisée jusqu'à la Révocation de l'Edit de Nantes en 1685.


Revel au centre des luttes religieuses 1

De 1567, date à laquelle Revel devient par le traité de Nérac une place de sûreté donnée au futur Henri IV, à 1577 où elle peut être considérée comme ville protestante (elle fait partie du colloque du Lauragais), la bastide Lauragais va vivre l'installation de la Réforme dans un climat de violence et de confusion ; troupes protestantes ou catholiques, partisans de Condé ou du duc d'Amboise, les différentes parties se succèdent dans des victoires éphémères.

Pourtant, à partir de 1577, et ceci jusqu'en 1621, un calme relatif va régner : les huguenots bâtissent leur temple et les catholiques reconstruisent leur église détruite une première fois en 1576, reconstruite puis à nouveau ravagée par les troupes du duc de Rohan dont les calvinistes revélois sont les alliés.
Or, en cette année 1621, en faisant une guerre ouverte aux catholiques, les protestants s'exposent à la répression royale, dans ce cas personnifiée par le Maréchal de Bassompierre.
Celui-ci, après avoir pris Montauban et St Antonin, vient faire le siège de Caraman et paraît devant Revel le 1er juillet 1622 à la tête de son armée. Seule une chute de cheval qui obligea Bassompierre à se retirer, sauva Revel.
Cependant, la prise de Montpellier par les forces royales, contraignit les protestants à déposer les armes peu de temps après. Un édit de pacification mit fin à ces premiers troubles (octobre 1622), mais l'accalmie fut de courte durée.

En 1627, le duc de Rohan, chef de l'insurrection protestante dans le midi, reprend la lutte dans le bas Languedoc, le Rouergue et l'Albigeois.

Lasses de ces conflits, les villes du Castrais refusent de le recevoir et seule Revel, où le duc a de nombreux partisans, lui est livrée par surprise dans la nuit du 27 octobre, grâce à la complicité de quelques habitants qui facilitèrent l'escalade des murailles à ses soldats.

Pendant deux ans encore, Revel peut être considérée comme ville calviniste, mais les troupes royales se succèdent et bientôt arrive le prince de Condé, commandant l'armée royale dans le Midi.

Ayant appris la capitulation de Montauban, Revel implore la clémence du prince catholique (1629) et à partir de cette date, s'instaure pour les habitants de la bastide Lauragaise une période de paix relative entre catholiques et protestants, cohabitation faite plus d'habitude et de voisinage que de réelle tolérance.

Cette fragile cohabitation cessera définitivement avec la révocation de l'Edit de Nantes qui décrète en 1685 qu'aucune autre religion que le catholicisme n'est désormais tolérée dans le royaume de Louis XIV.

La réforme en Pays Lauragais

Prêchée en Allemagne par Luther au XVIème siècle et relayée en France par Calvin, la Réforme protestante fut d'abord un bouleversement dans les mentalités jusqu'alors profondément marquées par la religion catholique. Du laboureur le plus misérable au prince de sang, tous les sujets du royaume vivaient leur foi sous l'autorité et le regard implacable de l'Eglise de Rome.
Or, c'est la toute puissance et la corruption de cette Eglise que les réformateurs dénoncent avec notamment le commerce des indulgences sensées racheter l'âme des pêcheurs. La Bible désormais à portée du plus grand nombre grâce à l'essor de l'imprimerie et à sa traduction en langue vulgaire, va être le socle et le vecteur de la nouvelle religion. Et c'est par les grands axes que dès le début du XVIème siècle, environ 1530, que la Réforme arrive en pays d'Oc. A travers plaines et vallées, elle suit la route des marchands et des colporteurs de Bibles dans ce pays de Garonne où circulent les hommes et les idées nouvelles.

Mais comme partout ailleurs dans le pays, la diffusion du protestantisme en Midi toulousain s'accompagne d'un déchaînement de violence entre armées catholiques et partisans huguenots.
Ainsi, à Toulouse, le parti catholique avec à sa tête le sinistre Montluc qui laisse sur son passage des centaines de huguenots "branchés", écrase les religionnaires en 1562, malgré l'opposition des Capitouls. Dès l'année suivante, Toulouse forme la première Ligue pour défendre la religion Romaine.

Et c'est au cours de cette période d'extrême violence que la première communauté calviniste est fondée à Revel par le pasteur Louman (1560) qui constitue aussi les églises réformées de Gaillac et Roquecourbe. Installation mouvementée car à l'instar du climat de haine religieuse qui règne dans le pays, la ville désormais divisée entre papistes et réformés va connaître plusieurs évènements tragiques au nombre desquels on peut compter la destruction en 1576 du couvent des Jacobins, frères prêcheurs dominicains, et l'assassinat de plusieurs religieux.

Mais avec le temps, et au gré de traités et d'édits royaux qui garantissent encore la liberté religieuse dans l'esprit de l'Edit de Nantes, les protestants vont marquer de leur identité religieuse la société revéloise du XVIIème siècle.

« Cardeur Huguenot, Paysan Papiste »

Marchand, bourgeois, notable ou artisan, le converti à la nouvelle religion est d'abord un habitant du bourg. Plus alphabétisé, pour des raisons professionnelles que le paysan, cet homme de la ville peut lire la Bible et mieux adhérer aux prêches des pasteurs dont les sermons sont souvent en français, langue encore mal maîtrisée dans les campagnes.

Ainsi à Revel, dans la communauté calviniste forte d'environ 1200 personnes, on peut répertorier : 14 représentants de 9 familles nobles, 56 bourgeois, 19 officiers, 16 hommes de loi, 167 marchands, 553 artisans (maîtres et ouvriers) et seulement 94 brassiers (habitants de la ville qui franchissent les murs de la ville pour aller vendre leurs bras comme laboureurs ou manouvriers).

Croix huguenote  

 

C'est au XVIème siècle que la Réforme naît en Allemagne. Prêchée par Martin Luther (1483-1546), ancien moine, cette réforme religieuse critique la toute-puissance de l'Eglise Catholique et certaines de ses pratiques notamment la vente des indulgences (sommes versées au clergé en échange du pardon des péchés). Jean Calvin (1509-1564), homme de lettres et théologien français, développe les théories de la Réforme en France. D'abord appelés luthériens, puis protestants, les fidèles de la nouvelle religion sont aussi nommés huguenots par leurs adversaires et religionnaires par le pouvoir royal qui les appelle officiellement ainsi dans les actes royaux.
Les catholiques, eux, sont surnommés papistes pour leur fidélité à l'Eglise de Rome.


Illustrant bien la formule de l'historien Le Roy Ladurie « cardeur huguenot, paysan papiste » ce sont bien les artisans qui constituent le groupe socio-professionnel le plus important et parmi eux une majorité d'artisans du textile.
A cela rien d'étonnant : l'étoffe est l'essentiel de la production artisanale au XVIIème siècle.

A Revel, ce sont les laines des moutons du Lauragais et celles d'Aragon qui sont transformées en drap et du peigneur de laine au tailleur d'habits, compagnons et maîtres réformés travaillent l'étoffe. Peigneurs et cardeurs de laine, tisserands de draps, de rases ou de toiles, teinturiers, passementiers, couturiers, bonnetiers, chapeliers, pareurs de draps ou chaussatiers, ils sont tout un monde de l'échoppe qui souvent se transmettent leur savoir-faire de père en fils, telle la lignée des Paralongue, chapeliers, ou des Garrigue, maîtres-tailleurs. La plupart de ces artisans du textile travaillent dans des ouvroirs installés au rez-de-chaussée de leur maison et six jours sur sept, certaines rues revéloises bruissent du battement des métiers à tisser.

L'actuelle rue du Temple, longtemps appelée rue des Teinturiers garde l'empreinte de cet artisanat du textile. Plus large que les autres, avec en son milieu une rigole, elle était bordée d'ateliers dans lesquels maîtres et compagnons teignaient les étoffes dans de grandes cuves et des chaudrons de cuivre dont la valeur faisait la richesse de leurs propriétaires. Parmi ceux-ci, les maîtres teinturiers Bernaduque, dont certains membres siègent au consistoire, preuve de leur notabilité.

Autrefois rue des Teinturiers appelée aussi « rue des Affacheries » (des Tanneries), la rue du Temple avait en son milieu une rigole qui alimentait les ateliers
où l'on teignait les cuirs et les draps.
C'est avec la construction du Temple au XIXème siècle que la rue prit son nom actuel. Face aux anciens « bains-douches », une placette porte le nom de David Martin.
Carte postale ancienne

Le Pasteur Timothée Ross qui avait fait une conférence à Revel
et le Pasteur Bonini le jour de l'inauguration de la « Placette David Martin » (octobre 2009).
Cette initiative de baptiser plusieurs placettes avait été lancée par la Société d'Histoire de Revel – Saint-Ferréol.
Crédit photo : Société d'Histoire de Revel

 

Les artisans de la métallurgie et du cuir sont l'autre groupe social très présent dans la communauté artisanale, avec notamment 82 cordonniers qui confirment l'idée que cette profession a toujours eu une attitude ouverte aux idées nouvelles (on les retrouvera très impliqués dans des luttes révolutionnaires de 1789 et 1870).

Contrairement aux gens du textile, ces artisans du métal et du cuir passent souvent les murailles de la ville, car leur travail est tributaire des besoins du monde paysan. De nombreux artisans du cuir sont même semi itinérants car leur métier les oblige en saison agricole, à aller de fermes en hameaux réparer les bâts et les harnais des animaux, et les tabliers des paysans. De la même façon, indispensables au travail agricole, de nombreux charrons, maréchaux de forge ou autres serruriers travaillent pour les laboureurs du Lauragais.

Notables et marchands

A côté de ce petit peuple des artisans, vivent les notables et les marchands, autre composante majeure des convertis à la Réforme. Nobles, bourgeois, apothicaires ou officiers royaux, ils appartiennent à l'élite urbaine grâce à leur savoir ou à leur argent. Les Brun, Faure, Chauvet, Portal ou encore Salvaing sont organisés en véritables dynasties familiales pour qui parfois la puissance financière ne suffit pas, puisque certains ajoutent à leur patronyme le nom de leur métairie. Ainsi, au fil du temps, les Salvaing deviennent sieur de la Pergue, les Gaillard sieur de Molines et les Barrau sieur de Fontbrune.

Mais aux côtés de cette bourgeoisie ne rêvant que de noblesse, vivent d'authentiques gentilshommes dont les châteaux parsèment la campagne revéloise. A Palleville, Poudis, Couffinal ou encore Blan, les familles de Terson, de Bertrand, de Besset et d'Allary suivent les préceptes de Calvin jusqu'à leur abjuration forcée en 1685.

Reste le problème des marchands. Très présents dans la communauté (18% de l'ensemble des catégories sociales), ces hommes sont-ils "d'honorables hommes et honnestes personnes et bourgeois des villes" ou bien simples trafiquants de villages ? Difficile à dire. Seule certitude : leur hétérogénéité. Forgerons, hostes, vendeurs d'outils, de souliers, droguistes, l'appellation de "marchand" n'est pas réservée uniquement à ceux qui font commerce de draps et de toiles, même si beaucoup sont liés à la manufacture textile. Dans le Lauragais, proche des centres manufacturiers de Carcassonne et de Mazamet, le commerce des étoffes est une source de profits pour ces hommes qui de foires en foires, de transactions en marchandages sont les premiers à rencontrer "les idées nouvelles".

Le Consulat mi-partie

Comme leurs homologues catholiques, les consuls protestants participent à l'administration locale. Personnages à chaperons, vêtus d'un manteau orné et d'un bâton ouvragé, ils siègent au rez de chaussée de l'hôtel de ville construit au centre de la halle d'où ils gèrent les deniers de la ville, interviennent dans les questions d'assistance, d'instruction civique et répartissent les contributions générales.

Depuis 1631, cette assemblée urbaine est par volonté royale mi-partie : il y a 4 consuls avec un premier rang pour un consul catholique et alternance réformés catholiques pour les rangs suivants. Or, malgré cette mesure, pendant des décennies, le conseil de ville revélois restera majoritairement protestant puisque le second consul catholique toujours originaire de Dreuilhe, n'assiste pratiquement jamais aux délibérations municipales, car notamment les habitants du dit village supportent mal les charges que Revel leur impose.

Le consulat revélois restera donc à majorité protestante jusqu'en 1679, date à laquelle « le roy ayant esté informé de grandes divisions et désordres qu'il y a toujours eu dans cet hostel de ville de Revel et la mauvaise administration de cette communauté cauzée par les habitants de la Religion Prétendue Réformée de ladite ville… n'admet d'hores et avant au consul et conseil politique que des personnes catholiques ».

Par ce décret, le roi supprime le dernier droit civique des réformés, annonçant ainsi la révocation à venir de l'Edit de Nantes.

Le Temple et l'Ecole

La religion de Calvin est une religion du Livre. La vie des protestants s'organise donc autour de l'école et du temple. Dans l'une, on apprend à lire la Bible, dans l'autre, on reçoit la Parole et les sacrements.

Revel a son école confessionnelle depuis le début du XVIIème siècle. Là, les jeunes huguenots apprennent les rudiments de la lecture, de l'écriture et de l'arithmétique sous la férule d'un régent (maître d'école), désigné et payé par la communauté. Mais c'est au temple qu'ils approfondissent leurs connaissances des textes bibliques, guidés par la parole du pasteur.

Le temple de Revel fut construit en 1590, en partie avec des matériaux provenant de la destruction de l'église du couvent des dominicains. Il était contigu à la maison Faure-Lajonquière située vers le milieu de la galerie du nord et jusqu'en 1793, on pouvait y lire :

« Qui veut savoir quelle est cette maison.
C'est du grand Dieu la maison d'oraison ».

Détruit en 1685, il ne fut cependant pas le seul lieu de culte réformé dans la région revéloise. Deux châteaux, celui de Couffinal et celui de Paleville, ont leur propre annexe du culte, sorte « de temple privé » concédé par l'Edit de Nantes aux seigneurs ayant fief.
Là, ont notamment lieu des mariages comme celui qui, en mars 1639, unit au château de Couffinal Pierre Durand, notaire royal de Sorèze à Marguerite de Barrau, fille de David sieur de Fontbrune.

Les célébrations privées restent cependant rares et c'est au temple que pendant plus d'un siècle les différents pasteurs de l'église Réformée de Revel vont accompagner la vie religieuse de la communauté huguenote. Ces « ministres du Saint Evangile » sont pour la plupart formés à Genève, tel Jean Louis de Jaussand, qui exerce son ministère à Revel en 1668.
Guides spirituels dont la subsistance est assurée par les legs et contributions des fidèles, ils veillent à l'ordre moral calviniste, assistés dans cette mission par le consistoire. Cette assemblée d'anciens dont les membres sont pour la plupart des notables, s'occupe des finances et de la moralité : la société telle que l'a voulue Calvin doit être un modèle d'ordre et de vertu. Les jeux, les danses et les chansons sont prohibés, les fards et les cheveux longs interdits aux femmes, les hommes sont rasés et ont les cheveux courts. Le vagabond et la prostituée sont traqués et les pauvres se divisent en bons et mauvais. Les mauvais sont « toutz vagabonds, gens sans adveu et fetneans » et donc condamnables, les bons (chômeurs, infirmes, malades, veuves et orphelins) sont secourus notamment à l'Hôtel Dieu de la ville. Dans cet hôpital mixte où chirurgiens catholiques et protestants soignent gratuitement les plus miséreux, le pasteur et curé se livrent à une véritable foire d'empoigne afin de convertir in extremis l'âme de pauvres hères et d'écrire sur leurs actes de décès « sur son décès mourut en la religion réformée » ou « en la religion catholique ».

Abjurer ou partir

Avec l'Edit de Fontainebleau qui le 18 octobre 1685 révoque l'Edit de Nantes, le sort des calvinistes sera scellé : la liberté de conscience n'existe plus dans le royaume de France. Louis XIV le proclamera "la Religion Catholique, Apostolique et Romaine sera remise et rétablie en tous lieux et endroits du royaume". Après les tracasseries et les pertes de libertés individuelles qui se sont accumulées depuis les années 1660, revient le temps de la violence.

Créée en 1676 par Pellisson, la caisse des conversions (achat des conversions protestantes au catholicisme) est un échec. Le pouvoir va donc utiliser la force et à l'initiative de Louvois, à partir de 1681, « les missionnaires bottés » vont entraîner des milliers de conversions par la terreur. A Revel, quatre compagnies de Dragons du régiment de Koenigsmark investissent la ville le 15 octobre 1685.

Ces Dragons allemands ont déjà fait « leurs preuves » à Montauban en août et dans plusieurs villes du Languedoc. Dans la bastide revéloise, l'hébergement forcé de ces cavaliers qui traînent avec eux une féroce réputation a les effets escomptés : les conversions s'intensifient.
En cette fin d'année, ils seront en tout 684 à renoncer à cette Religion qualifiée de « Prétendue Réformée » (RPR) et à promettre « de persister inviolablement toute leur vie dans la religion catholique ».

Les autorités ecclésiastiques se déplacent jusque dans les maisons particulières, ainsi, dans son château de Couffinal « Jeanne de Besset, 50 ans, malade et en son lit et à cause de sa maladie n'ayant pu venir à l'église a abjuré la R.P.R ».

Le pouvoir contraint les consciences et démolit les temples. Celui de Revel est rasé en novembre 1685 sous la surveillance du curé et des dragons de Koenigsmark, sur ordre de l'intendant Lamoignon.
Les pasteurs sont exilés et on retrouve la signature d'Isaac Lavernhe, dernier pasteur de l'Eglise Réformée de Revel à Rotterdam, en avril 1686.

David Martin, né à Revel en 1639, trouvera lui aussi refuge en Hollande 2 . Pasteur et théologien, installé à Utrecht, il gagnera une notoriété dans toute l'Europe protestante grâce à sa révision de la Bible de Genève (1707).

               

La « bible Martin ». Crédit photo :
Société d'Histoire de Revel 

David Martin (1639-1721) théologien protestant revélois s'est acquis un nom populaire dans la communauté réformée à un niveau international, notamment par les corrections qu'il a faites aux anciennes versions de la Bible. Ce pasteur avait fait de la langue française une étude particulière.
« Il en possédait tellement les règles et les délicatesses », dit Nicéron, « qu'il fut en état de fournir des remarques et des observations à l'Académie française ».
Crédit photo : Consistoire de l'Eglise Saint-Pierre à Utrecht)


L'exil est aussi le choix d'une poignée de réfractaires, qui au risque d'être envoyés aux galères, décident de rejoindre les pays du Refuge protestant: essentiellement l'Angleterre, l'Allemagne, la Suisse et la Hollande.

Ainsi, on retrouve Paul Parelongue à Erlangen, ville de Bavière en partie fondée par les huguenots français. Guillaume Donlhac s'installe à Berlin et crée une fabrique de chapeaux célèbres jusqu'à la cour impériale de Russie. Autre native de Revel, Gabrielle Comenge, boulangère, « fait résidence dans le gouvernement d'Aigle » dans le canton suisse de Vaud.
Mais ces exilés sont assez peu nombreux et pour le protestantisme, il faudra attendre l'Edit de Tolérance de 1787 et la révolution pour retrouver une entière liberté de conscience.
Le temple revélois détruit sera reconstruit et dédicacé en 1803 dans la rue qui porte aujourd'hui son nom. La ville compte aujourd'hui une cinquantaine de familles protestantes.

Note : les sources de cet article sont principalement des registres de baptêmes, mariages et décès du Temple de Revel (XVI-XVIIème)

Dès 1793, Les « anciens »  de l'église de Revel, soucieux de procurer aux protestants un lieu de culte,
décidèrent la construction d'un nouveau temple.
Dans ce but, l'un d'entre eux, Monsieur Lacombe, acheta deux vieilles maisons dans l'actuelle rue du temple.
Ce temple fut dédicacé le 30 Prairial an XI (19/06/1803) et rénové en 1989, sur la Bible en relief au-dessus de la porte d'entrée, on peut lire « La Parole de notre Dieu demeure éternellement » (Ésaïe 40, 8)
et « Jésus dit Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14, 6). Crédit photo : Société d'Histoire de Revel

Situation générale du Temple (cadastre 1830 – Archives Municipales de Revel)
La rue des « Affacheries » a été renommée « Rue du Temple ». Crédit photo : Société d'Histoire de Revel


 


1.  Cf. : Couleur Lauragais n°146 - Octobre 2012

2. Voir l'article de Jean Paul Calvet -  David Martin : un théologien protestant revélois de renommée internationale. In « Les Cahiers de l'Histoire » n°15 – avril 2010.

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